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DE LA NATURE DES CHOSES

25 juin 2025 à 10:00:00

DE LA NATURE DES CHOSES

Il en est des livres comme des personnes : tout est affaire de rencontres. Et donc de rythme, de bonne fortune, provoquée ou non : actes manqués, heureuses coïncidences, hasards objectifs. Importance du « moment », comme aurait dit Crébillon fils : on peut rater une belle occasion pour un rien : un peu trop tôt, un peu trop tard, et l’affaire est perdue. Certes, on pourra tout de même s’apprécier, discuter, s’effleurer, mais toujours demeurera le fantôme de ce qui aurait pu se passer si les circonstances avaient été plus favorables. Ne reste alors qu’un sentiment de gâchis – oh léger certes, et poli cela vaut mieux, mais gâchis tout de même. Cela est vrai pour une liaison, une histoire amoureuse, comme pour une lecture. Un professeur m’avait soutenu autrefois qu’il n’y avait aucun intérêt à lire Proust avant trente ans. Conseil que j’ai scrupuleusement suivi, sans regret. À l’inverse, je sais que, même si je lis aujourd’hui Les Trois Mousquetaires, il m’en échappera toujours un peu du plaisir que j’aurais ressenti si seulement j’avais lu Dumas à l’adolescence. Trop tard, dit le corbeau, jamais plus…

Mais la bonne nouvelle, c’est que s’il y a des occasions manquées, il y en a aussi de réussies. Parfois on se rencontre et c’est la concordance heureuse des cœurs, des corps et des âmes. Un regard, un sourire, l’accord parfait : on n’a pas besoin de trop s’en dire, on se comprend. Même chose avec les livres : il arrive que la lecture commence, et déjà l’on jubile, de la lucide jubilation qui sait reconnaître une œuvre qui vient à son heure exacte : on a l’âge qu’il faut pour pleinement l’apprécier.

C’est un peu le sentiment que j’ai éprouvé, arrivé au milieu de ma lecture des Choses de Georges Perec, ouvrage sorti en 1965 chez Juillard. Plus jeune, même à l’âge des protagonistes Sylvie et Jérôme (vingt-deux et vingt-quatre ans), j’aurais été moins sensible à leurs soucis. Plus vieux… je n’en sais rien, je n’y suis pas encore. Mais là, c’était exactement ça : j’avais vécu les mêmes moments, je m’étais posé les mêmes questions, quelques années auparavant. Question d’âge. Question, aussi, de « civilisation », comme si Perec avait mis le doigt, dans ce court roman, presqu’une nouvelle plutôt, sur la situation dans laquelle nous baignons encore.

Cette situation, quelle est-elle ? On l’a beaucoup dit : dans les années 1960, un couple croit au bonheur que lui promet la société de consommation – au bonheur des choses. Il se perd dans l’univers factice des apparences, du plaisir d’une possession qui toujours lui échappera, car il y aura toujours mieux à posséder. Il manque le bonheur qui pourrait être le sien dans l’attente d’un bonheur qui est toujours au-delà de lui, proche en cela du pathétique protagoniste de La Bête dans la jungle de Henry James. Demain, on rase gratis… Jérôme et Sylvie mènent une vie au conditionnel, comme dans la fameuse ouverture du récit, description d’un appartement rêvé, idéalement meublé, qu’ils ne possèdent pas (« L’œil, d’abord, glisserait sur la moquette grise d’un long corridor, haut et étroit. Les murs seraient des placards de bois clair… »). Le récit sera d’ailleurs ponctué de descriptions d’appartements : après l’appartement idéal, tout droit sorti d’un catalogue de vente, l’appartement réel, forcément décevant. Et puis celui que le couple occupe à Sfax, en Tunisie, pour quelques temps. La magnifique villa dans laquelle ils sont alors reçus, lors de leur séjour, et dont ils ne voient pas, dont ils ne peuvent plus voir, déjà usés par la vie, qu’elle est justement celle dont ils rêvaient.

Cette jeunesse qui vit dans le sentiment que la vie, la vraie, le monde plus réel et plus authentique, commencera après, demain, mais pas maintenant, cette jeunesse existe encore. Elle est bien comme ces personnages dont Perec dit, en une formule merveilleusement paradoxale, qu’ils « auraient aimé vivre » – énoncé aussi impossible que le « je suis mort » de Blanchot. C’est une jeunesse qui travaille, souvent – pas toujours. Elle a connu un certain confort dans son enfance, et puis, à présent que la France se retrouve au niveau des pays « moyen-pauvres », comme dirait Houellebecq, elle expérimente la difficulté, la lutte pour la survie, les études plaisantes qui n’ont servi à rien, les appartements qui rétrécissent, l’amertume de s’être trompé de vie. Qui n’a pas vécu ces dernières décennies dans une grande ville occidentale ne comprendra pas cette obsession de la place gagnée dans l’appartement qui est celle de Sylvie, de Jérôme et de leurs amis. Le monde a fiché en eux une aspiration au confort que la médiocrité de leur situation leur interdit. Entre eux et ce monde, celui des objets de consommation qu’ils contemplent avec envie derrière des vitrines, il y a l’argent. Ou plutôt : le manque d’argent.

Évidemment, l’insistance sur les vitrines rappellera les théories situationnistes, et l’ouvrage de Debord, quasi contemporain du roman de Perec, La Société du spectacle (qui sort en 1967, deux ans après Les Choses). « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. » La critique de la séparation, tout ça… Des exégètes plus compétents que moi établiront la pertinence du rapprochement. Pour ma part, c’est plutôt ce qui distingue Perec de Debord qui me frappe – notamment parce que cette distinction touche à son art de romancier. Debord en effet, et cela va s’accentuer à mesure que les années passeront, et que ses livres et ses films deviendront, il faut le reconnaître, plus passionnants (In girum imus nocte et consumimur igni en 1978, Commentaires sur la société du spectacle en 1988, Panégyrique en 1989), adopte une posture aristocratique et méprisante à l’égard de ses contemporains dont il estime – à juste titre – qu’ils ne possèdent pas sa lucidité. Ne reconnaît-on pas Sylvie et Jérôme, ces cinéphiles (j’y reviendrai) dans la description que propose Debord du public qui va au cinéma ? Ce public « désormais presque entièrement recruté dans une seule couche sociale, du reste devenue large : celle des petits agents spécialisés dans les divers emplois de ces “services” dont le système productif actuel a si impérieusement besoin : gestion, contrôle, entretien, recherche, enseignement, propagande, amusement et pseudo-critique ». Comme eux, Sylvie et Jérôme sont « des salariés pauvres qui se croient des propriétaires, des ignorants mystifiés qui se croient instruits, […] des chiffres dans des graphiques que dressent des imbéciles ». Et le coup de grâce, qui énonce un diagnostic proche de celui du romancier, décrivant ces êtres « séparés entre eux par la perte générale de tout langage adéquat aux faits, perte qui leur interdit le moindre dialogue ; séparés par leur incessante concurrence, toujours pressée par le fouet, dans la consommation ostentatoire du néant, et donc séparés par l’envie la moins fondée et la moins capable de trouver quelque satisfaction ».

Oui, bien sûr, on ne peut nier que ce soit exactement cela que raconte Perec dans Les Choses. Exactement cela, et pourtant ce n’est pas la même chose. Précisément parce qu’il y a d’un côté un prédicateur (surtout dans In girum imus nocte… : Debord aura été notre Bossuet), de l’autre un romancier. Surprise, lors de ma lecture du Perec : après la jubilation d’y retrouver une part de mon existence, de mes sentiments (ce que la bizarre destruction du langage en cours désigne par les termes de « vécu » et de « ressenti » – j’essaie de me faire comprendre), j’ai éprouvé une infinie tristesse, qui ne m’a pas quitté jusqu’à la fin du livre. Or, si cette tristesse existe bien, si elle est là qui sourd, qui attend le lecteur à l’entrée des Choses, c’est bien parce que Perec l’y a mise : parce qu’il n’est pas un cynique, un esthète qui connaît la joie mauvaise de voir le monde s’effondrer, un nihiliste qui se réjouit de voir ses sinistres prédictions se réaliser, et qui en profite pour mieux marquer la distance qui le sépare des naïfs qui se sont laissés prendre au miroir aux alouettes de la société de consommation. On plaint Jérôme et Sylvie, on les plaint par-delà leur inconscience, leur peine à discerner le pourquoi de leur frustration. On les plaint parce qu’ils souffrent, parce qu’ils n’arrivent pas à être heureux, parce que la société dans laquelle ils vivent a rendu le bonheur impossible – comme d’autres assassins ont tué le sommeil…

Cette réussite – qui n’exclut pas le rire de la satire – est celle de Perec en propre. Elle tient à son art du personnage romanesque. De Sylvie et de Jérôme, on ne sait pourtant pas grand-chose. Ils sont toujours ou presque pris ensemble, leur passé est à peine esquissé, leur avenir vite interrompu (c’est la « rentrée dans le rang » de l’épilogue, le vrai travail, Bordeaux, la jolie maison qui les attend). J’imagine qu’à la sortie du livre, on a pu gloser sur les liens du livre avec le Nouveau Roman, les divers procédés des avant-gardes… Perec lui-même, avec humour, fait de son couple deux employés pour sondages d’opinion, enquêtes sur la consommation et autres relevés dont la sociologie, qu’elle soit noblement universitaire ou bassement employée au profit de la réclame et de la vente, affiche un inextinguible besoin. Et eux-mêmes existent, au sein du roman qui les met en scène, comme un couple « typique », échantillon représentatif d’une certaine génération, d’une catégorie socio-professionnelle, avec ses goûts, ses lectures, sa sous-culture correspondant à son segment du marché, ses loisirs, ses habitudes, etc.

Pour autant, la satire n’est pas destructrice. Elle n’interdit pas, comme je l’ai dit, la compassion pour les personnages. Perec réussit à élaborer ce curieux « personnage collectif », cet individu-classe, comme un échantillon publicitaire qui, pourtant, demeurerait émouvant. C’est un peu ce que Philippe Muray, bien plus tard, dira avoir voulu mettre en scène avec Homo Festivus, créature à mi-chemin entre le concept et le personnage romanesque. Sauf que… on peut légitimement se demander si Perec n’a pas réussi ce qu’a manqué Muray – y compris dans ses dernières nouvelles : un authentique personnage, à la fois collectif et singulier. Représentatif et touchant (voilà le point capital, qui explique sans doute cette tache aveugle, chez Muray comme chez Debord à qui il ressemble sur ce point : l’absence d’amour pour ce monde ; c’est sans doute pour cette raison que, par-delà la réussite de leurs œuvres respectives, ils demeurent à mes yeux inférieurs à des artistes de l’envergure de Perec ou de Pasolini, chez qui la critique voire la colère ne s’explique jamais sans l’amour des hommes). Ce refus du mépris, cette capacité à faire surgir des personnages, y compris sous une forme nouvelle, contribuent à faire des Choses un « vrai » roman, non une enquête sociologique avec noms d’emprunts et échantillons représentatifs, comme son sous-titre (« une histoire des années soixante ») a pu le faire croire à quelques lecteurs trop pressés.

Je remarque d’ailleurs que cette capacité à écrire un roman à la forme inédite, mais d’où l’émotion n’est pas absente, explique sans doute que Perec soit toujours présent aujourd’hui : par ses ouvrages, toujours lus et commentés, ou même par son héritage – le meilleur Houellebecq vient de là (Maurice Nadeau étant d’ailleurs à l’origine de l’éclosion de ces deux auteurs, comme romanciers du moins). À l’inverse d’une bonne partie des avant-gardes plus théoriques des mêmes années, dont plus personne ne lit les livres, et qui achèvera de se dissoudre à la mort de ses derniers survivants – ils le savent, et c’est pour cela qu’ils sont si souvent méchants. Il est amusant de lire, dans le (beau) numéro double de L’Infini consacré à Tel quel, ce jugement de Guy Scarpetta dont je peine à déceler, au milieu des annotations autobiographico-érotiques où il se trouve, s’il est auto-ironique ou méprisant : « Je me souviens qu’à l’époque, nous étions tout à fait indifférents à ce qu’écrivait Perec. » Et, de fait, à mesure que les œuvres de Denis Roche, Guy Scarpetta, Jacques Henric et autres Pierre Guyotat s’éloignent de nous (Sollers résiste me semble-t-il beaucoup mieux), Perec n’a jamais paru aussi vivant. Sans doute la faute à l’époque minable qui est la nôtre, rétorqueront ces flamboyants aventuriers…

En même temps, je dois bien reconnaître que la proximité que j’ai à plus d’un moment ressentie à l’égard des protagonistes des Choses m’a conduit à me poser quelques questions : ces appartements trop petits, ces amitiés lâches construites par une proximité plus professionnelle que sensible, qui nous fait voir trop souvent des êtres que nous apprécions trop peu… Et même les rêveries d’aménagement intérieur de ma chère et tendre, son goût totalement irréel pour « le design années 50 » qui l’a encore récemment occupée pendant de longs mois, s’interrogeant sur l’opportunité de commander à un particulier tel buffet qu’il aurait fallu chercher à Bonifacio ou à Brest pour l’installer à Paris, tout cela parce qu’il évoquait vaguement une ligne Mallet-Stevens ou Le Corbusier… Indéniablement, il y avait là de la ressemblance – et pas particulièrement flatteuse. J’en arrivais à chercher en moi tout ce qui me distinguait de Jérôme et Sylvie, pour me rassurer : le goût de la lecture, tout de même (même si, comme eux, je n’aime pas le théâtre, et préfère de loin la musique et le cinéma) ; les longues études (qui expliquent sans doute le décalage de quelques années dont je parlais en commençant). Mais tout de même…

Un point m’a paru particulièrement bien senti : la question de la cinéphilie. J’aime que Jérôme et Sylvie soient cinéphiles (de même que j’aime qu’ils lisent L’Express, magazine de la modernité sociale-libérale, qu’ils s’en moquent tout en y restant attachés, parce qu’il est le journal qui exprime le plus justement leur sensibilité, leur Weltanschauung, de même qu’aujourd’hui on croise des gens qui sont tout entiers Télérama, Le Monde ou Libé, autant de titres de presse dont chacun mériterait sa petite mythologie). J’aime cette manière qu’a Perec de saisir comment une culture se forge à un moment donné, avec ses références, ses valeurs, ses hiérarchies et ses rites – Jérôme et Sylvie sont plutôt « Mac-Mahoniens » que Cahiers, plutôt Le Corsaire rouge (Robert Siodmak, 1952) que L’Année dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961). Et cela d’autant plus que le cinéma de ce temps-là – pas celui que les personnages du roman vont voir – cherchait justement, dans quelques belles tentatives, à réfléchir sur cette « société de consommation » qui est la toile de fond du livre, comme elle le sera quelques années plus tard d’un des premiers grands livres de Jean Baudrillard. C’était, en Italie, les comédies acides de Dino Risi et d’Ettore Scola, les films pleins de colère de Pier Paolo Pasolini, plus tard l’ironie désenchantée des derniers Fellini. En France ? Contrairement à une légende tenace, ce bouleversement fut également traité : par le rire de Jacques Tati, dans Mon Oncle (1958) et Playtime (1967). Par l’ironie plus intellectuelle de Godard également. Un film comme Masculin Féminin (1966), avec son Jean-Pierre Léaud en improbable enquêteur sociologique, est un bel écho à la construction romanesque de Perec : l’entretien, assez cruel par la vacuité qu’il révèle de la belle Elsa, élue « mademoiselle 19 ans » mais présentée par le carton comme un « produit de consommation », est à cet égard parfaitement révélateur. (J’ajoute : discutant de cet article avec un ami, ce dernier me signale que Perec est cité, de manière déformée, dans le film : lorsque Léaud emmène Chantal Goya et ses jolies copines au cinéma. JLG, génie du recyclage et de la citation.)


On pourrait sans doute trouver d’autres exemples encore, dans la peinture (le Pop Art qui, s’il est sans doute complice du phénomène, ne prend pas moins acte du surgissement inouï de la publicité dans l’environnement des hommes), la musique, le reste… Perec comme Godard, Debord comme Andy Warhol, tous sont nés dans les mêmes années (entre 1928 et 1936). Tous ont donc connu le monde d’avant. Cela ne retire rien à l’habileté de l’un, au talent de l’autre, au génie de certains. Mais ils ont pu percevoir la nouveauté d’un phénomène qui transformait l’homme, et qui se déployait sous leurs yeux. Qu’en est-il cependant lorsque l’on arrive après ? Lorsque l’on n’a pas pu connaître ce monde d’avant ? Pour donner un exemple très concret : dans un court texte paru en 1984, intitulé « Abat-faim », Debord relève parmi les exemples de la falsification de la vie en cours le fait que le goût du pain a été modifié (relevons en passant qu’un des charmes de l’œuvre de Debord, c’est sa très grande précision, son goût du concret). Et que personne à part lui ne semble s’en être rendu compte. Mais quand on n’a jamais connu le goût du pain d’autrefois ? Quand on est né dans un monde où, déjà, l’entrée dans chaque ville de France, et aussi belle cette ville soit-elle demeurée, doit être l’expérience dantesque de la traversée de zones commerciales atroces, avec ses charpentes métalliques, ses tôles ondulées, ses parkings et ses brasseries alsaciennes typiques « Maître Kanter » ? Quand on a grandi avec des programmes télévisés plus ou moins réussis (car, comme pour la cinéphilie, la nouvelle culture a suscité ses hiérarchies et ses valeurs), quand on a aimé le Nutella ? Cela ne me rend pas incapable de repérer les signes de la prochaine mutation, de sentir la distance qui me sépare des générations à venir. Mais, pour autant, ne suis-je pas moi-même, déjà, un monstre aux yeux de la génération qui m’a précédé ?

Il y a sans doute là un phénomène qui relève de la nature des choses – du moins par temps de capitalisme accéléré (ou de spectaculaire intégré, de fascisme de la société de consommation, d’hyper-festivisme). Il ne faut donc ni nous rabattre (car ce serait encore nous rassurer) sur un sentiment d’éternité de la condition humaine comme mouvement, fugacité, muabilité incertaine, ni exagérer une stabilité passée qui n’a sans doute pas tout à fait existé non plus. Pourquoi lire aujourd’hui Les Choses, dans ce cas ? Pour saisir la poussée première du mouvement qui nous entraîne encore. Les fondements de notre existence, de notre société. Les lois qui nous régissent, nous transforment, et se changent elles-mêmes à mesure qu’elles nous changent également. Il faut lire Les Choses pour le plaisir de voir que, dans un monde où l’homme en son humanité s’efface, le dernier à porter encore un regard fraternel sur ses semblables, c’est encore le romancier.

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Olivier Maillart
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